Une Visite au Museum

Paolo Topy Rossetto Photographer - Une Visite Au Museum 01
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UNE VISITE AU MUSEUM 2015

Photo

Avec « Une visite au Museum », une série de sept photographies prises dans un musée d’histoire naturelle européen, Paolo Topy nous invite à réfléchir sur le statut actuel, sur le rôle de ce type d’institution mais aussi à notre rapport à la nature. La visite d’un Musée d’histoire naturelle est traditionnellement le passage obligé de toute personne souhaitant parfaire sa connaissance des milieux naturels et des espèces animales et végétales qui s’y trouvent représentées. Des univers souvent lointains, inaccessibles qui se révèlent alors dans une proximité, mais aussi dans un décalage tout à la fois exotique et mortifère. Aujourd’hui, de plus en plus, le visiteur de ce type d’institution se transforme en professeur Challenger, celui du fameux roman de Sir Arthur Conan Doyle paru en 1931 : Le monde perdu. Et c’est bien à une vision de monde perdu que nous confronte ici Paolo Topy , au travers de celle de la forêt sibérienne. Un milieu naturel où exploitations pétrolière et gazière, réchauffement climatique, déforestation et pollution grèvent dangereusement l’avenir de la faune et de la flore locales. La dramatisation de la scène orchestrée par l’artiste est obtenue par un séquençage où alternent plans rapprochés de chaque animal : le cerf Sika (Cervus Nippon), la proie et son prédateur, le Tigre de Sibérie (Pantherina Tigris Altaica) ainsi qu’une vue de l’instant de la prédation, une sorte d’arrêt sur image saisissant avec des plans froids et figés de paysages enneigés qui, au départ, créent une ambiguïté que nous dépassons très vite : est-ce un reportage photographique en milieu naturel ? Non, bien sûr et notre déconvenue s’arrête lorsque nous réalisons que tout cela relève d’une théâtralité organisée, que tout est factice, qu’il s’agit d’une scène fabriquée. Nous abordons alors, par ce glissement de l’image, la réalité angoissante générée par la stratégie de l’artiste, par son regard. Le drame n’est pas dans cette scène de chasse, dans cette relation de vie et de mort propre au monde animal mais bien dans ces dangers liés aux activités humaines évidemment invisibles dans cette reconstitution. Invisibles mais bien présents par l’entremise des produits chimiques ayant servi à sa réalisation. Cette reconstitution figée, faite de paysages peints à l’acrylique, de neige en résine synthétique et d’animaux traités au formol, probablement chassés pour l’occasion, tués et empaillés sonne comme un avertissement. Ces paysages ne seront bientôt plus et ces animaux auront sans doute trop vite disparu. L’envol d’une pie dans la dernière image de cette série accentue cette dramatisation et nous alerte sur ce drame qui se joue. Cette scène est bien un artifice qui, bientôt, ne témoignera pas d’un vivant lointain géographiquement mais d’un monde perdu à jamais sur l’autel d’intérêts qui en font, en fait, une véritable scène de crime.

Yves Peltier

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