Tirage couleur monté sur aluminium et sous diasec. Encadrement. Signé, titré et numéroté 2/3 sur plaque de cuivre au dos de l’encadrement. Dimensions: 120 x 180 cm (avec encadrement).
EXOTICA
Avec ce titre « Exotica », Paolo Topy fait référence au genre musical éponyme tirant son nom d’un album de Martin Denny de 1957. À la fin de la seconde guerre mondiale, aux Etats-Unis, ce dernier, avec le groupe « Les Baxter », s’inspire de rythmes hawaiiens, caribéens et polynésiens qu’il mêle au jazz. Cet exotisme musical auquel Paolo Topy nous renvoie, nous invite au voyage. Un voyage rendu possible grâce à un simple rideau aux motifs de feuillages acheté dans le quartier Barbès à Paris. Ces feuillages sont une allusion à peine voilée de l’artiste aux papiers découpés de Matisse et à son recueil « Jazz », justement. Très référencée donc, l’œuvre « Exotica » nous permet aussi, plus simplement de réfléchir sur cette notion d’exotisme de bazar, un peu cheap mais au combien truculente, qui permet aujourd’hui d’accéder au lointain, aux rêveries d’un ailleurs bigarré et ce, à moindre frais et sans même voyager physiquement, démocratisation du goût et société de consommation obligent. Cet exotisme s’accompagne, aussi, d’une réflexion sur le concept de « bon sauvage ». Une silhouette se détache au travers de ce rideau. La « négritude » de celle-ci est, bien sûr, celle inventée par le monde occidental et qui a justifié, trop longtemps, la politique et les excès du colonialisme. Elle est volontairement floue et auréolée de mystère. Est-elle une réalité ou bien due, simplement, à un effet d’optique accentué par le contre-jour ? Cette incertitude permet un glissement qui opère très vite dans l’image. Cette « négritude » est aussi celle des musiciens de Jazz blancs comme Martin Denny, des artistes peintres et sculpteurs européens et américains qui, passant derrière le rideau, tournant le dos aux stéréotypes raciaux et aux canons esthétiques établis, ont été de « bons sauvages » et qui, quels que soient leurs modes d’expression ont chacun, avec les moyens qui étaient les leurs, fait tomber bien des préjugés et participer à inventer un autre rapport à l’autre et à l’art ainsi qu’à la manière de le concevoir. Paolo Topy nous invite à assumer notre « négritude » et à devenir, à notre tour, de « bons sauvages », à passer derrière le rideau.