FAKE 2015
Photo
A première vue, une vision au charme et à la rusticité bucoliques s’offre à notre regard. Il semble que tout ait été organisé afin d’en faire profiter le plus de monde possible et, en premier lieu, les promeneurs qui, passants là, sont ainsi invités à s’y plonger du regard. Son architecture forme une sorte de théâtre où l’emplacement de chaque élément, fontaine et plantes, paraît avoir été choisi à cette fin. La réalité est tout autre. Nous nous trouvons devant une porte de garage dans un luxueux quartier résidentiel. Contrairement à notre première impression le lieu est clos, parfaitement verrouillé. Nous nous trouvons, en fait, devant une porte de garage sur laquelle un trompe l’œil a été peint. Tout a été organisé pour soustraire la réalité à notre regard. Il ne s’agit pas seulement de rendre agréable à l’œil une porte jugée inesthétique mais de caché le lieu où se trouve remisée, certainement, une voiture de luxe. Tout est fait pour tromper et détourner non seulement le regard mais, aussi, la pensée du regardant. A l’idée généreuse du partage se substitue celle, plus pernicieuse, de l’appropriation, du rejet et du tout « sécuritaire ». Le concept du jardin comme lieu de transition entre l’espace public et privé disparaît et est même détourné au profit d’une mensongère stratégie de camouflage. L’hyper réalisme faussement séduisant de ce trompe l’œil apparaît soudain dans sa vraie réalité, celle d’un kitsch maladroitement ostentatoire et nauséabond.
Yves Peltier