BIRMINGHAM 2015
Photo
Avec cette série de trois photographies prises depuis l’arrière d’une station de bus dans la ville de Birmingham, Paolo Topy évoque des phénomènes propres à nos grandes villes modernes et difficilement compréhensibles : l’indifférence et la solitude. Ces stations, construites pour protéger les voyageurs lors des moments d’attente d’un bus, leur permettre de se reposer, ont été conçu avec une réelle attention et même intention puisque qu’elles ont vocation à rendre un service mais, étonnamment, elles sont, aussi, le lieu où la solitude et l’indifférence sont les plus perceptibles. La transparence de la vitre, ici, nous donne l’impression de voir, enfin, la vérité ou, en tout cas, la réalité du quotidien vécu en milieu urbain. Les êtres passent seuls, s’asseyent seuls sans se voir, sans se parler dans le cadre d’une migration rythmée par les horaires, les obligations, les contraintes et, bien évidemment, le stress que ces derniers génèrent. Toute rencontre, tout dialogue semblent illusoires, impossibles même. Ces êtres qui se croisent semblent, finalement, plus transparents que la vitre elle-même. Leur existence devient fantomatique. Ils apparaissent puis disparaissent dans un ballet à la chorégraphie, chaque jour, identique. Seul le photographe semble être en mesure de voir, de « les » voir dans l’anonymat de ce lieu et de témoigner de leur existence, de leur difficulté à être et à vivre. Une difficulté que ces passants qui sont, aussi, ceux que Paolo Topy souhaite interpeller avec ce travail, finissent même, peut-être, par ignorer eux-mêmes à force de se protéger d’un milieu de plus en plus agressif et inhumain.
Yves Peltier